Toute ressemblance avec des personnes ou des évènements ayant existé n’est aucunement fortuite. Par discrétion, les noms des lieux et des personnes ont été modifiés.
Tout au long des années 20, les discriminations raciales ont perduré en Alsace-Moselle. La stricte application de la théorie du droit du sang a généré des situations absurdes et scandaleuses. Suivant leurs lieux de naissance, les Alsaciens-Mosellans n’étaient pas traités de la même façon. Se marier avec un Alt-Deutsch entraînait des sanctions.
Janvier 1921 : Réclamation de la Nationalité française au Tribunal de bailliage de Buffsheim, par Rudiger Schwob (veuf), né en Allemagne pour lui & ses enfants mineurs.
Avril 1921 : Demande d’enquête de moralité sur la famille Schwob par le sous-préfet d’arrondissement au Commissaire spécial de police de Buffsheim.
« Je vous prie de bien vouloir me renseigner sur les sentiments, l’attitude et la situation des requérants et me donner votre avis sur l’opportunité de leur naturalisation ».
Mai 1921 : Rapport d’enquête & réponse du Commissaire spécial de police.
« Ci-après les renseignements recueillis sur les deux sœurs Schwob qui sollicitent la nationalité française : La nommée Schwob Erna, née le… travaille depuis un an environ comme ouvrière dans la fabrique XX. Précédemment elle s’occupait des soins du ménage de son père. Sa conduite pendant et après la guerre aurait laissé à désirer. Quant à son attitude au point de vue national, elle n’a fait l’objet d’aucune remarque particulière. Son père, propriétaire de la maison… ainsi que ses frères ont observé une attitude correcte. Un de ses frères est marié à une Italienne et domicilié à Milan. Schwob Maria, ouvrière de la fabrique, née le… célibataire, elle habite chez son père. Depuis huit ans environ, elle travaille à l’usine YY. Rien à dire sur son attitude au point de vue national, mais sa conduite n’aurait pas été des meilleures. Le Commissaire spécial ».
1924 : Mariage de Rudiger Schwob avec l’Alsacienne Marie Elsasserin.
Par son mariage, Marie est automatiquement déchue de la nationalité française et redevient citoyenne allemande.
Mars 1924 : Naturalisation de Rudiger Schwob et de ses enfants.
Février 1925 : Demande de réintégration dans la nationalité française de Maria Elsasserin
Janvier 1926 : Naturalisation de Marie Elsasserin, après avis favorable du préfet.
« La postulante est d’origine française. Réintégrée de plein droit dans la nationalité française, a perdu cette qualité par le mariage qu’elle a contracté en 1924 avec le sujet allemand Schwob Rudiger. Celui-ci entre temps est devenu français par voie de naturalisation, tandis que la requérante continue à être allemande. Dans ces conditions et étant donné que rien de défavorable ne peut être relevé contre la pétitionnaire, j’émets un avis favorable à sa demande de réintégration en proposant de lui accorder une remise de 19/20 des droits de sceau ».