PROSTITUTION A STRASBOURG SOUS L’EMPIRE
L’arrivée de l’armée française était une bénédiction pour les dames qui faisaient commerce de leurs charmes, ainsi que de leurs souteneurs.
Combien sont-elles sur les photos officielles acclamant les nouveaux arrivants ? Strasbourg, comme toutes les villes de garnison était gangrainée par la prostitution. Il y avait des « Madames » pour les officiers et des « filles de cabarets » pour les sous-officiers et les soldats.
A part les prostituées « officielles » inscrites sur les registres de contrôle du service des moeurs, on trouvaient de nombreuses prostituées clandestines : maitresses de notables, servantes de brasseries (Kellnerinnen), vendeuses de grands magasins sous-payées et aussi des femmes mariées. La police dénombre plus de mille prostituées clandestines.
« C’est à cette accentuation constante de la prostitution clandestine que Strasbourg doit de se trouver placée, de par la statistique, parmi les villes allemandes où l’on compte le plus de maladies vénériennes ».
« Strasbourg est la ville de l’Allemagne où il y a relativement le plus de femmes entretenues. Celles-ci ne se distinguent des prostituées proprement dites que parce qu’elles vendent leurs charmes à un taux plus élevé. Elles offrent d’ailleurs, au point de vue sanitaire, beaucoup moins de garantie que les soumises, cela va de soi. Comme, d’autre part, leur entreteneur en titre leur sert de paravent aux yeux de la police des mœurs,
« ces femmes se peuvent tout permettre ».
« Les occasions ne leur manquent pas d’exercer le plus discrètement du monde leur scabreuse industrie. A la parade de la garde montante, aux concerts publics, partout où il se passe quelque chose, elles se prélassent au premier rang, en toilettes de Paris et dessous mousseux, essayant l’effet de leurs charmes sur leur entourage masculin, et finissant presque toujours par lier conversation avec tel ou tel de leurs admirateurs passagers ».
De tous temps, les soldats étaient mal vus, car ils n’apportaient que des malheurs. C’est dans les villes de garnisons qu’il y avait le plus de femmes seules avec enfant(s). On les appelait avec mépris : filles-mères.
Dans les familles honorables on disait aux filles : Si tu vas voir les soldats, tu es une putain, tu ne remets plus les pieds à la maison !
Sources : Alfred Stephany, ex-commissaire impérial à Strasbourg
Illustration : prostituée strasbourgeoises fichées, (Archives municipales de Strasbourg)